• Chargement
  • Chargement

Mercredi, 14 mai 2025

Résultats pour le tag ''

  • Par BOUTET Orphé
  • 30-11-2023
Le rôle du rap gabonais dans les...

Les élections de 2016 : désillusion, escalade et dénouement sanglant

Cependant, malgré le bénéfice du doute accordé, et un prix du baril de pétrole historiquement élevé, le septennat d’Ali rimera avec désillusion, prédation des finances publiques et paupérisation exponentielle de la population. De quoi ajouter de l’eau au moulin des rappeurs engagés. Avant même qu’une véritable opposition politique s’organise formellement, la contestation des rappeurs va porter des estocades lyricales au régime émergent. Ainsi, le rappeur Keurtyce E, vent debout, va s’en prendre au président Ali dans le très explicite On va tourner la page dans lequel il revendique haut et fort le changement au sommet de l’Etat, au risque d’un soulèvement populaire post-électoral. Morceaux choisis : « T’es pas Dieu, t’es pas notre maître/Essaie, tu vas apprendre à nous connaître », « Tu as beaucoup fait, ça suffit comme ça/Si tu restes au palais c’est tant pis pour toi ». Une double remarque peut être faite sur la portée symbolique du message de la rue que véhiculent ces vers. D’une part, le tutoiement de la plus haute autorité, symbole de son désaveu par les masses populaires qui n’ont plus aucun respect pour le président devenu despote qui a, par son comportement indigne durant le septennat, désacralisé la fonction présidentielle. D’autre part, ces paroles traduisent ce que prépare la population : un soulèvement en cas de nouveau vol électoral ; la violence des mots préfigure la résolution ferme de la population d’en découdre, avec une intensité plus élevée qu’en 2009. On voit ainsi que les paroles des artistes rappeurs, à l’image de ce titre de Keurtyce E, sont une sorte de thermomètre qui pourrait servir au mélomane avisé à prendre la température du peuple. Mais malheureusement les politiques ont souvent fait le choix de casser le thermomètre plutôt que de le lire. D’où l’exil massif des artistes contestataires, à la quête d’un meilleur avenir ou pour fuir la répression. C’est le cas du rappeur Sayk’1ry qui depuis le sud de la France écrira le très corrosif  Mister zéro, périphrase désignant Ali et son bilan catastrophique.  Ce texte bilan, se donne pour mission de passer au crible le septennat d’Ali. Là aussi les vers sont sans ambiguïté : « En 2009 tu nous as promis ciel et terre/Un avenir en confiance pour les fils des prolétaires […] /Sept ans après on fait le bilan : zéro/Combien d’écoles ? zéro/Combien de collèges et des lycées sortis de sol ? zéro/ Universités ? Une bibliothèque ?zéro/Que des discours et des discours et des maquettes ! Zéro ! ». Au cœur des élections de 2016, un collectif mené par Lord Ekomy Ndong, Maat Seigneur Lion et Lestaat XXL va poursuivre cette logique avec le titre  On ne te suit pas (en réaction au titre « On te suit » des artistes propagandistes menés par le groupe Hayoe). Cette opposition de style très clivante traduit le climat explosif des élections de 2016 : une population remontée à bloc (alignée derrière l’opposant Ping) contre une petite « élite » qui tient illégitimement les rênes du pouvoir. Ce qui devait arriver arriva. Un nouveau vol électoral. Mais cette fois il est suivi d’un soulèvement populaire avec comme point d’orgue l’incendie de l’assemblée nationale par le peuple floué. Une fois de plus. Une fois de trop. La répression sanglante qui s’en suivra (assassinats collectifs et bombardement du quartier général de l’opposant Ping) sera sans précédents dans la jeune histoire électorale du pays. Et pourtant les rappeurs cités supra avaient prémonitoirement annoncé ces évènements morbides. Keurtyce E annonçait déjà : « La rumeur court que tu prépares la guerre/Président mal élu et impopulaire/Clandestinement tu fais entrer des armes/Après les élections il y aura du sang et des flammes. ». Et Sayk’1ry : «Mister zéro et compagnie nous préparent déjà la guerre ». Comme quoi, à l’instar du poète hugolien (Fonction du poète, Les Rayons et les ombres, 1840), le rappeur a également parfois une dimension prophétique dans sa fonction de lanceur d’alerte. Ce dénouement sanglant va marquer un tournant dans l’attitude des rappeurs engagés gabonais. Tout d’abord il y a le temps du deuil et des larmes. A l’instar du pays qui pleurera longtemps ses héros, la scène rapologique va prendre le temps pour pleurer ; le rap se mue alors en catharsis. Un texte pourrait résumer cet état : Rouges nuages de Lord Ekomy Ndong (encore lui). Le lyriciste utilise dans ce son la métaphore climatique et l’élégie pour traduire la douleur du peuple et dénoncer la liste non exhaustive des martyrs de la nation (depuis la période pré-électorale et celle post-électorale) : « Quand les nuages deviennent rouges,/ Quel genre de pluie tombe/ Quelle genre de foudre frappe/ Quel genre de tonnerre gronde/Quel genre de démocrate compte sur les armes et les cagoules/Combien de toits s’effondrent/Combien de larmes coulent ?/Nos familles sortent des bureaux de vote pour faire du porte à porte/ de morgues en morgues/Rendez les corps ! Que s’est-il passé ? Assassinats tout tracé/Victimes ramassées, traces effacées/Affaire classée ! ». A cette tendance élégiaque, succèdera la colère et le devoir de mémoire. Les rappeurs se muent en gardiens des faits historiques. C’est ce que reflète l’hommage testimonial que rendent Lestaat XXL et Lord Ekomy Ndong dans le titre Sur mon drapeau. Dans ce titre les rappeurs accusent le politique d’avoir sali la bannière tricolore nationale : elle est désormais maculée du sang des martyrs. Ce texte à charge, est là donc pour rappeler aux bourreaux que cette tâche coupable restera indélébile. Plus rien ne sera comme avant : « Vous pouvez vous voiler la face mais vous verrez bien plus rien ne sera comme avant/Ne change pas de sujet, j’étais au Q.G. pendant que tu étais en train de nang[…] La question à l’heure actuelle est plus morale que politique[…]/Vous ne faites pas, donc on met nous-même nos morts en haut/Le vert jaune bleu est en lambeau/Merci à Mme Mbourantso ! ». Pour mieux mesurer l’étendue de ce deuil et cette révolte du milieu rap, il faudra constater le changement de position de certains rappeurs jugés jusque-là proche du pouvoir en place. Le cas le plus sensationnel est la volte-face du poids lourd Kôba. Il va faire ce qu’on pourrait appeler son « coming-out » subversif antisystème avec le titre Odjuku. Depuis son exil français, le rappeur s’en prend aux origines étrangères et étranges du dictateur Ali (sa nationalité gabonaise a toujours été contestée). Loin d’être un texte xénophobe et haineux, le titre de Kôba est un véritable exercice de style qui combine les attaques ad personam légères (« Odjuku, on ne te suit pas, shiba-man », «Tu n’es pas beau, tu n’es pas intelligent/Tu es un très mauvais dirigeant ») et des vers plus graves et incisifs  (« Le peuple est en deuil, Odjuku, entends-tu les pleurs ? », « Les panthères sont debout la main sur les cœurs/Tu peux tirer sur nous, jamais l’idée ne meurt »). Cette fêlure immarcescible laissée par la répression sanglante de 2016 dans les corps et les esprits va marquer un point de non-retour entre le peuple (et en l’occurrence les rappeurs)  meurtri et le président meurtrier. Ce clivage préparait donc le lit d’une parole rapologique encore plus virulente pour les élections suivantes

 

Par Eudes Ilotse

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 30-11-2023
Le rôle du rap gabonais dans les...

Les origines : le vent de l’Est

Pour mieux comprendre ce phénomène social, il convient d’en faire la genèse. « Les pères de la chose », pour utiliser un autre gabonisme très à la mode, sont deux jeunes rappeurs, paradoxalement issus des milieux embourgeoisés du Gabon des années 90. En effet, quoique le rap naissant fût fortement impulsé par des groupes informels comme les rappeurs de la côte ouest, avec des têtes d’affiche tels Ice P, IZB devenu les criminals Mcs, c’est bien le groupe V2A4 qui avec un premier disque officiel a formalisé l’univers rapologique gabonais balbutiant. Avec leur 1er album et des titres comme « African revolution » et « un message du V2A4 », les deux membres de ce groupe, Klaus et Feller, ont officiellement lancé la vague de l’ère subversive, aux messages politiques acérés, du rap gabonais. Le fameux vent de l’Est du multipartisme souffle alors en rafales sur les jeunes démocraties africaines vagissantes. Après le vrai faux départ du multipartisme au Gabon et la prise en otage du pays par le Parti Démocratique Gabonais (PDG), la plupart des groupes de rap qui succèderont au V2A4, entretiendront cette flamme avec des textes satiriques, dépeignant le mal social vécu quasi silencieusement par la population, mais crié sur les ondes par des groupes et artistes solo comme Siya possee X, Cam  et surtout le groupe Movaizhaleine notamment dans le célèbre titre « Engogol ».  Ce titre, véritable classique du rap subversif local, peint un tableau de la faillite des politiques sociales et économiques du Gabon : un pays riche mais avec un peuple pauvre ; ce peuple que ce groupe compare métaphoriquement à « des poissons qui meurent de soif dans les eaux de l’Ogouée » (plus grand fleuve du pays, illustrant ainsi l’immensité de

Les élections de 2009 : 1ère vague de contestation

En fait un homme politique majeur symbolise cette invite du rap engagé dans l’arène des campagnes électorales, ce même homme qui a réussi à fédérer de manière clivante toutes les attentions des artistes rappeurs : Ali Bongo Ondimba. Certes le président Omar Bongo Ondimba, fit un léger usage des artistes rappeurs à des fins propagandistes (V2A4, Campos Campos…), mais celui qui suscita véritablement l’émulation des rappeurs gabonais sur la scène électorale est Ali Bongo Ondimba lorsqu’il se porte candidat en 2009. C’est un secret de polichinelle, Ali Bongo est un artiste raté, qui grâce à sa filiation atterrira, quasiment par défaut, en politique. Ceci, entre autres, pourrait expliquer l’attention qu’il porte, dès cette première campagne, à l’univers hip hop local. Cette attention malheureusement ne sera pas pour améliorer leurs conditions précaires sans droits d’auteurs, mais plutôt pour les instrumentaliser comme « outils » électoraux 2.0. : le père Bongo a eu ses groupes d’animation socioculturelle, le fils Ali, rêvait d’avoir ses rappeurs électoraux. Cette nouvelle donne aura pour corollaire la naissance d’un puissant courant de rappeurs propagandistes, à la solde de l’homme politique. Un rappeur exilé en France tranchera avec ce qu’il appellera les « groupes d’animation électorale » : Lord Ekomy Ndong. Dans son titre « 300809 »( en référence au 30 août 2009, date des élections présidentielles), le rappeur utilise des vers au vitriol pour dénoncer toute tentative de falsification des résultats « à l’heure du rendez-vous des urnes et de l’histoire », tout en invitant le peuple à l’action pour faire respecter leurs votes car, selon lui, « qui ignore qu’ici [au Gabon] élection rime avec formalité/On connait le film là presque par cœur/Mais notre erreur c’est qu’on reste spectateurs ». Malheureusement la mise en scène frauduleuse du dénouement de ces élections pressentie par Ekomy Ndong va se réaliser. Ali Bongo perpétra ainsi son premier vol électoral, au détriment de son principal adversaire, André Mba Obame qui s’éteindra mystérieusement par la suite avec les espoirs de la population abusée. Une fois de plus.

Par Eudes Ilotse

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 30-11-2023
Le rôle du rap gabonais dans les...

« Les Eux ». Ce gabonisme très populaire désignant les dignitaires de l’ancien pouvoir du président Ali Bongo et tous ses affidés  du parti démocratique gabonais, symbolise parfaitement l’impact du rap local sur la perception qu’ont les masses populaires les plus jeunes de la vie politique. En effet, ce particularisme linguistique local est le titre d’une chanson rap qui a fait sensation durant la dernière campagne électorale qui a connu son épilogue ce 30 août 2023. Mis en ligne sur tous ses réseaux sociaux une semaine environ avant les élections par son auteur, le rappeur hardcore M.O.R., ce titre attaque ouvertement, avec des mots crus et on ne peut plus explicites, le pouvoir PDG d’Ali Bongo ; invitant en sus les populations à voter contre le président sortant. Cette chanson marque un tournant dans l’histoire du Rap engagé gabonais, car jamais rappeur (même artiste en général), vivant sur le territoire national de surcroit, ne s’est aussi courageusement (certains parleront même de témérité) attaqué au pouvoir en place durant une campagne électorale. Cet acte de bravoure est d’autant plus admirable quand on connait la facilité qu’avait Ali Bongo et tout son clan à embastiller ses contradicteurs les plus virulents dans des conditions inhumaines. D’ailleurs peu de temps après la sortie sensationnelle de ce hit, le rappeur M.O.R. a été interpellé de manière totalement arbitraire par les barbouzes du pouvoir. Si cette sensation est une première au Gabon, il faut constater que la musique rap a une tradition très subversive lors des campagnes présidentielles, mais aussi à l’approche de celles-ci, ou durant les crises post-électorales qu’ont connues le pays ces dernières décennies. Quelle est la genèse de ce mouvement artistique subversif ? Qui sont donc ces rappeurs qui ont engagé leur art au service du combat de libération politique ? Dans quelles circonstances l’ont-ils fait ? Quel est le contenu de leurs textes ? Quel impact sur la population ? Quel avenir pour ce type de rap au Gabon ? Autant de questions qui seront le fil conducteur de cet article loin d’être exhaustif, car il n’est que la première partie d’un sujet tellement abondant.

Les origines : le vent de l’Est

Pour mieux comprendre ce phénomène social, il convient d’en faire la genèse. « Les pères de la chose », pour utiliser un autre gabonisme très à la mode, sont deux jeunes rappeurs, paradoxalement issus des milieux embourgeoisés du Gabon des années 90. En effet, quoique le rap naissant fût fortement impulsé par des groupes informels comme les rappeurs de la côte ouest, avec des têtes d’affiche tels Ice P, IZB devenu les criminals Mcs, c’est bien le groupe V2A4 qui avec un premier disque officiel a formalisé l’univers rapologique gabonais balbutiant. Avec leur 1er album et des titres comme « African revolution » et « un message du V2A4 », les deux membres de ce groupe, Klaus et Feller, ont officiellement lancé la vague de l’ère subversive, aux messages politiques acérés, du rap gabonais. Le fameux vent de l’Est du multipartisme souffle alors en rafales sur les jeunes démocraties africaines vagissantes. Après le vrai faux départ du multipartisme au Gabon et la prise en otage du pays par le Parti Démocratique Gabonais (PDG), la plupart des groupes de rap qui succèderont au V2A4, entretiendront cette flamme avec des textes satiriques, dépeignant le mal social vécu quasi silencieusement par la population, mais crié sur les ondes par des groupes et artistes solo comme Siya possee X, Cam  et surtout le groupe Movaizhaleine notamment dans le célèbre titre « Engogol ».  Ce titre, véritable classique du rap subversif local, peint un tableau de la faillite des politiques sociales et économiques du Gabon : un pays riche mais avec un peuple pauvre ; ce peuple que ce groupe compare métaphoriquement à « des poissons qui meurent de soif dans les eaux de l’Ogouée » (plus grand fleuve du pays, illustrant ainsi l’immensité des richesses bradées et accaparées par le pouvoir en place). Cette grogne sociale musicale, limitée jusque-là à un public jeune ou à quelques puristes, va connaître une audition plus large, nationale, par le canal de son invitation par les acteurs politiques dans les différentes campagnes présidentielles des deux premières décennies des années 2000.

Par Eudes Ilotse

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 30-11-2023
Emploi et carrières des fonctionnaires...

     « Gelés » depuis 2017 par le régime déchu d’Ali Bongo, les recrutements, examens et concours, titularisations, avancements, stages et reclassements dans la fonction publique vont enfin reprendre. Le gouvernement de la transition dirigé par Raymond Ngdong Sima a, en effet, décidé, le 24 novembre dernier ; de la « suppression » de toutes les mesures y rattachées. Un gros ouf de soulagement pour de nombreux Gabonais qui tapent aux portes de l’administration publique de leur pays ainsi que pour ceux qui y travaillent déjà mais qui ont vu leurs carrières, leurs situations administratives et financières figées depuis quasiment une décennie.

    C’est à travers un arrêté daté du 24 nombre 2023 conjointement signé par le ministre de la Fonction Publique, Raphael Ngazouze, et le premier ministre, Raymond Ndong Sima, que le gouvernement de la transition a décidé de mettre un terme au supplice qu’avaient imposé Ali Bongo et ses nombreux gouvernements pléthoriques aux Gabonais en quête d’emploi et à ceux exerçant dans l’administration publique en « gelant », depuis 2017 voire bien avant, les recrutements, les examens et concours, les titularisations, les avancements, les stages et les reclassements dans la Fonction Publique.

    Ce sont alors quasiment toutes les issues et les itinéraires professionnels de nombreux Gabonais qui se trouvaient bouchés. Ndong Sima et son équipe les ont rouverts.

     Cette mesure impopulaire a, à plusieurs égards, asphyxié des milliers de Gabonais. Malgré les nombreuses tensions sociales qu’elle a suscitées et la précarisation criarde des travailleurs et des demandeurs d’emploi qu’elle a occasionnée, le régime autoritaire de l’époque se montrait sourd et insensible, violant même les délais légaux de ladite mesure.

    Pour justifier cette décision très critiquée, les autorités de l’époque évoquaient les nécessités d’« une maîtrise optimale de l’évolution de la masse salariale de l’Etat et une meilleure gestion des ressources humaines ». Cependant, de nombreuses décisions et autres nominations politiciennes ont vite laissé planer le doute sur le bien-fondé et les motivations réelles de celle-ci.   

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 22-11-2023
Du contenu et de la durée de la...

Vers une consultation non inclusive ?

L’une des preuves que la consultation préparatoire en cours au dialogue national est loin d’être inclusive, dans sa mise en œuvre, est le communiqué, paru dans L’Union du 18 au 19 novembre 2023 (en page 4), d’un collectif de cadres du Moyen-Ogooué, présidé par monsieur Richard Auguste ONOUVIET, appelant à un séminaire d’harmonisation. L’appel à une démarche concertée de ressortissants du Moyen-Ogooué est sans doute à saluer. Cependant, pourquoi se constituer en un collectif de cadres uniquement ? Qu’est-ce qui légitime lesdits cadres à parler au nom de cette province, et par conséquent, au nom des populations migovéennes ? La démarche de ces cadres est une réponse au format défini par le Gouvernement. Dans son format et dans ses thèmes, la mise en œuvre, par le Gouvernement, du principe louable de consultation des populations en vue du dialogue national incline, en effet, à penser que la cible visée ce sont prioritairement les cadres et lettrés. Or le Gabon est constitué de diverses et nombreuses couches sociales. Toutes ces couches sociales doivent être mobilisées et impliquées dans le processus de consultation pré-dialogue national. Ainsi, la consultation, en cours via le portail officiel « MBOVA », se serait fait parallèlement et en complément des consultations à la base, notamment en vue de l’inclusion des compatriotes de la diaspora ou éloignés du territoire national pour diverses raisons. De la synthèse de toutes ces consultations, le Gouvernement aurait extrait alors les thèmes de discussion à porter à l’ordre du jour des assises du dialogue national. Ces consultations citoyennes inclusives préparatoires auraient été, en outre, l’occasion pour les Gabonaises et les Gabonais de désigner eux-mêmes leurs représentants au dialogue national. Un tel processus de consultation citoyenne inclusive aurait exigé, évidemment, plus de temps, six mois au minimum.  

« Transition politique » de l’élite bien-pensante contre « Transition socioéconomique » du peuple

Les réactions populaires à l’officialisation du chronogramme officiel de la Transition montrent que les citoyennes et les citoyennes n’en ont pas la même acception que les gouvernants et autres représentants autoproclamés de la société civile.

Par « transition », on entend couramment le « passage d'un état à un autre, en général lent et graduel », c’est-à-dire un « état intermédiaire » entre deux situations, deux moments, un ancien et un nouveau. La transition serait ainsi l’état intermédiaire qui marque la rupture avec un ordre ancien pour amorcer le passage vers un ordre nouveau. En recourant à l’image de la maladie et du malade, la transition désignerait alors la période de convalescence, état intermédiaire entre l’état de maladie et l’état de santé recouvrée. Selon le type de maladie, toute convalescence est plus ou moins longue.

Si l’élite et le peuple s’accordent bien sur l’idée de la transition comme rupture avec une époque ancienne (le régime Bongo-PDG dont l’archétype aura été la séquence Ali) pour un passage vers une époque nouvelle (l’« essor vers la félicité » horizon d’espérance du vivre-ensemble magnifié par notre hymne national), ils n’en demeurent pas moins opposés sur le contenu à donner à cette transition.

Pour l’élite, la transition doit être « politique ». Le chronogramme publié par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) parle bien, en effet, de « Transition politique au Gabon ». Entendue ainsi, la transition serait principalement la préparation du passage à un nouvel ordre constitutionnel et à des nouvelles élections générales. Sous la pression externe des bailleurs de fonds et de la communauté internationale, mais aussi interne de l’élite politique et des représentants de la société civile, le CTRI semble se résoudre à résumer, dans l’ensemble, la feuille de route de la transition à l’élaboration et à l’adoption d’une nouvelle constitution, d’une part ; et à la convocation de nouvelles élections pour un « retour à un ordre constitutionnel » dit normal et le retour des militaires dans leurs casernes. Tout cela n’est pas très original et s’inscrit dans le registre de la bien-pensance mondiale de la « transitologie » pour laquelle la transition politique est simplement un « moment intermédiaire entre l’ancien régime déclaré caduque et un nouveau régime à élaborer. Dans cette période, normalement circonscrite dans le temps, sont élaborés les traits du nouveau régime constitutionnel et politique (nouvelle constitution et l’élection de nouveaux dirigeants dans des élections pluralistes). »[1] Sans tenir compte du contexte spécifique de notre pays, l’élite politique et l’élite militaire font chorus pour se convaincre de la doxa mondiale et se persuader qu’il n’y a de transition que politique et constitutionnelle et que sa durée doit nécessairement être limitée dans le temps. Ce qui revient à dire que pour ces élites, la maladie qui a fait du Gabon, avant et pendant le règne d’Ali Bongo Ondimba, un « malade alité » et comateux, c’est le dysfonctionnement institutionnel et constitutionnel.  

A l’inverse de cette élite politico-militaire, le peuple considère que la cause de la maladie du Gabon est tout simplement la non-satisfaction de ses attentes et de ses besoins socio-économiques. En conséquence, ce qui ressort explicitement ou implicitement des réactions citoyennes depuis la publication officielle du chronogramme de la transition, c’est le plébiscite d’une transition plutôt socio-économique. Au-delà de l’écume des appels opportunistes à une candidature d’Oligui Nguéma et d’un allongement de la durée de la transition, les Gabonaises et les Gabonais veulent, en réalité, des réponses diligentes et concrètes susceptibles d’améliorer leur condition socio-économique. Il y a donc en opposition deux types de transitions : l’une politique, pour satisfaire la bien-pensante communauté internationale et les agendas nationaux des femmes et hommes politiques ; et l’autre socio-économique pour satisfaire le peuple gabonais et lui donner des raisons d’espérer un véritable essor vers la félicité. Chacune de ces transitions a un contenu et une temporalité propres. Si la transition politique peut et doit être plus courte dans le temps ; la transition socio-économique ne peut être que plus longue. Elaborer, adopter une nouvelle constitution et aller vers des nouvelles élections générales est, en effet, un projet réalisable en deux ans. En revanche, poser les jalons d’un nouvel ordre socio-économique en donnant satisfaction aux urgences sociales (l’éducation, la santé, l’eau, la route, l’emploi, etc.) des Gabonaises et des Gabonais nécessiterait d’aller au-delà de deux années.  

Du dilemme du CTRI : en appeler au Peuple pour en sortir 

Au regard des six (6) objectifs du CTRI et des cinq (5) préalables pour leur réalisation, il apparaît que les militaires hésitent entre une transition politique et une transition socio-économique. « La réforme institutionnelle et législative » « le dialogue national et la consultation publique » sont des objectifs qui relèvent de la transition politique et d’un temps court ; à l’inverse, « la lutte contre la corruption » et « le développement durable et économique » ne peuvent être que des objectifs du temps long. Le CTRI est confronté à un dilemme ou à un écartèlement. Dilemme ou écartèlement traduit par le préalable n° 4 que voici : « Répondre aux principales demandes populaires pour garantir la paix sociale que n’offrirait aucune élection ». A la lecture de ce préalable, il appert que le CTRI est en phase avec le peuple et en contradiction avec l’élite politique et les représentants de la société civile. Pour le CTRI et pour le peuple, les élections ne sont pas la priorité de la transition ; pour l’élite politique et la société civile, il faut, au contraire, aller au plus vite vers des nouvelles élections générales.

Pour permettre au CTRI de résoudre son dilemme et l’opposition entre les tenants d’une transition politique et les partisans d’une transition socio-économique, il faut en appeler au peuple par voie référendaire. Le dialogue national ne peut pas être l’instance appropriée pour trancher cette question et encore moins la constituante qui découlera de la transformation du parlement. Futurs constituants, les actuels parlementaires ont été tous nommés par le Président de la Transition. Et il est vraisemblable que ce sont les mêmes qui participeront au dialogue national inclusif. En l’état actuel de la situation, contrairement au libellé du préalable 5 du CTRI (« Laisser le Peuple gabonais décider démocratiquement par le biais de ses représentants au Parlement et, surtout, au Dialogue National Inclusif »), le peuple n’est point du tout représenté par des individus de son choix, comme cela aurait pu être le cas dans le cadre de consultations préparatoires à la base. En conséquence, l’une des résolutions dudit dialogue national inclusif serait la convocation d’un référendum sur la question de la durée de la transition. Le peuple devra choisir entre une durée de deux ans, pour une transition politique, et une durée de quatre ans, pour une transition socio-économique. En prévision cette consultation, et d’une possible victoire en faveur d’une transition de quatre ans, le dialogue national inclusif ne devra pas limiter ses discussions aux « contours politiques et institutionnels de la République » : il devra également aborder les questions socio-économiques de façon à lister les priorités de cette transition pour le peuple que celui-ci appelle de ses vœux.

    Pour sortir du mimétisme politique, une « transition socio-économique » de quatre ans

Il n’y a qu’une transition socio-économique susceptible de donner un commencement de corps au rêve d’un essor vers la félicité du Peuple Gabonais. En quatre ans, il est possible de poser les jalons d’un nouvel ordre socio-économique et d’une gouvernance véritablement au service de l’intérêt général. Sortons du mimétisme imposé par la communauté internationale pour acter de façon consensuelle une transition qui nous soit propre et serve les intérêts de notre peuple, avant tout. Longtemps « malade alité », le Gabon a besoin d’une période de convalescence suffisante pour amorcer le recouvrement d’une santé tant espérée, au regard de son potentiel minier et naturel, mais jamais atteinte du fait de l’incurie du système Bongo-PDG. Que les acteurs de la transition, membres de l’élite militaire et membres de l’élite politique et de la société civile, fassent tous preuve d’humilité en s’efforçant de mieux décoder le message populaire, traduit et relayé souvent maladroitement par les réseaux sociaux, mais aussi instrumentalisé par quelques-uns. Gabon d’abord !

Par Stéphane Vouillé



[1] Cf. Céline Thiriot, « Transitions politiques et changements constitutionnels en Afrique » en ligne : https://books.openedition.org/putc/3197?lang=fr.

 

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 22-11-2023
Du contenu et de la durée de la...

« Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi », disaient l’un et l’autre, sinon en chœur, Gandhi et Nelson Mandela. Ils entendaient ainsi mettre en relief l’importance de la consultation et de l’implication des bénéficiaires, dans la conception et la réalisation d’une action ou d’un projet, et donc l’exigence de promotion de la participation citoyenne et de la démocratie participative.

L’avènement du « coup de liberté » du Général Oligui Nguéma et de ses pairs a davantage libéré la parole populaire. Longtemps ignorée, instrumentalisée, minorée sinon bâillonnée, la voix du peuple gabonais souverain a dorénavant besoin de se faire entendre. En témoignent, les réactions citoyennes nombreuses, à travers les réseaux sociaux, des actions du président et du gouvernement de la Transition. Ce qui cristallise, ces derniers temps, cette parole populaire, avide d’expectorer sa libération et son désir d’être dorénavant écoutée et entendue, est la durée de la Transition[1]. Mais, au-delà de la durée de la Transition, les citoyens et citoyennes se prononcent également sur son contenu, sa feuille de route, c’est-à-dire sur les priorités qui devraient être les siennes. En réaction à ces paroles citoyennes véhiculées par les réseaux sociaux, JKM, auteur d’un article dans L’Union du vendredi 17 novembre courant, place « le peuple gabonais face à ses responsabilités » en invitant les citoyennes et les citoyens à s’exprimer plutôt dans le « cadre formel » de la consultation initiée par le gouvernement et de la tenue du dialogue national prévu en avril prochain, déclinées par le chronogramme officiel de la « Transition politique au Gabon ».

Une consultation citoyenne préparatoire au dialogue national mal engagée 

Tout en saluant le principe de ladite consultation en cours et du dialogue national envisagé, nous considérons, cependant, que ces deux initiatives n’atteindront pas leur objectif avoué, à savoir : donner réellement la parole au peuple gabonais, permettre à ce dernier d’exprimer ses aspirations et ses attentes, c’est-à-dire l’impliquer véritablement dans la définition et la construction des fondations de son « essor vers [sa] félicité » à venir. L’initiative louable du CTRI de « faire à nouveau parler les Gabonais qui en avaient perdu l’habitude » est très mal engagée et s’apparente déjà à une énième instrumentalisation de la parole populaire. On ne peut, à la fois, vouloir libérer la parole du peuple et en même temps la corseter.  

Pour libérer la parole des Gabonais, il aurait fallu organiser la consultation populaire préparatoire au dialogue national différemment en partant de la base, c’est-à-dire en recueillant les doléances des citoyennes et citoyens par village et par quartier ; par canton et par arrondissement ; par département et par province. Les chefs de village et de quartier ; les sous-préfets, préfets et gouverneurs auraient été les organisateurs délégués desdites consultations. Ces consultations directes auraient eu le mérite de faire parler surtout les populations rurales et non lettrées incapables d’utiliser la médiation électronique proposée par le portail officiel « MBOVA ».

Eviter une infantilisation des citoyens

Par ailleurs, le fait de définir par avance les thèmes de la discussion est une façon justement de corseter cette parole populaire qu’on est censé émanciper. C’est tout le contraire du « coup de liberté ». On pourrait avoir le sentiment de quitter une camisole pour une autre. Le meilleur moyen de « faire à nouveau parler les Gabonais qui en avaient perdu l’habitude » aurait été de libérer totalement leur parole, de leur donner l’occasion de « vider leur sac », dans le cadre de discussions organisées à la base. Encadrer d’avance cette parole populaire en définissant un format et en circonscrivant des thèmes précis, au prétexte de prévenir des débordements est, en réalité, une infantilisation des citoyennes et de citoyens gabonais. Il y a, dans ce procédé, une forme de condescendance élitiste des hommes et des femmes politiques et des représentants de la société dite civile qui s’arrogent le droit de penser et de parler à la place des populations. A ce jour et dans le contexte de la Transition, la question nationale, avant d’être une question d’institutions et de leur réforme, est d’abord et avant tout une question de mal-vivre. Ce mal-vivre, qui d’autre peut en témoigner et en parler concrètement que le peuple lui-même ? Qui d’autres que les populations de Moulengui-Binza, dans le département de Mongo, parleraient mieux du besoin d’avoir une route de qualité en toute saison ? Qui d’autres que les populations d’Ikobey, dans le département de Tsamba-Magotsi, pour parler des besoins d’une médecine de proximité, en termes d’infrastructures et de personnel de santé ? Qui mieux que les populations de Kinguélé et autres Bangos, à Libreville, pour parler des problèmes d’insécurité ? Qui mieux que les jeunes sans emplois, en milieu urbain ou en milieu rural, pour parler du chômage de la jeunesse ? Qui d’autres que les usagers de l’administration ou de la circulation pour parler de la « petite corruption » qui gangrène notre société ?

Par Stephane Vouillé



[1] Cf. L’article « Chronogramme de la Transition : le peuple gabonais face à ses responsabilités » in L’Union n° 14380 du vendredi 17 novembre 2023, signé JKM en page 5, mais aussi le micro-trottoir de Gabon Media Times en ligne :  https://www.youtube.com/watch?v=hk0KKwvO25Y.

 

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 22-11-2023
Une « aide au retour volontaire »...

L’ambassade du Gabon au Sénégal a annoncé, le 21 novembre, la mise en place d’un dispositif spécial et d’urgence visant à rapatrier tous les citoyens gabonais vivant sous sa juridiction et confrontés à des difficultés sociales et/ou économiques. Les intéressés ont un mois pour se manifester. 

            A travers une note d’information datée du 21 novembre 2023 et parvenue à la rédaction de GabonVeille, l’ambassade du Gabon au Sénégal invite les Gabonais en détresse vivant sous sa juridiction et désireux de rentrer chez eux de se manifester auprès de ses services le 22 décembre 2023 au plus tard.

            L’entité diplomatique souligne en effet avoir « constaté avec regret que des étudiants gabonais et autres concitoyens vinant dans [sa] juridiction sont confrontés à des difficultés économiques et à des situations de détresse indicible ». De ce fait, poursuit-elle, les autorités du pays, en tête desquelles le président de la Transition et le ministre des Affaires Etrangères, « ont pris la mesure du problème et ont décidé de venir en soutien à [leurs] compatriotes se trouvant dans des situations difficiles et précaires ».

            C’est à cet effet qu’elle informe à l’ensemble de la communauté gabonaise vivant dans sa juridiction de « la possibilité d’un retour au pays grâce à un programme de rapatriement spécial et urgent ».

            Pour une estimation des conditions et critères d’éligibilité au dit programme, les personnes intéressées sont invitées à se rapprocher du service culturel de l’ambassade, précise-t-elle.  

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 22-11-2023
Panthères du Gabon : Ibrahim Ndong...

           Ecarté du dernier rassemblement des Panthères du Gabon, l’équipe nationale de football, pour ses raisons disciplinaires selon la Fédération Gabonaise de Football (FEGAFOOT), Didier Ibarahim Ndong a décidé, ce 21 novembre, de mettre un terme à sa carrière internationale.

            Il n’était pas à sa première brouille avec l’encadrement de l’équipe nationale de football. Mais cette fois-ci sera la dernière. Ibrahim Ndong a, en effet, annoncé, via sa page facebook, l’arrêt de sa carrière internationale. Décision qui prend effet à compter de ce 22 novembre, un chiffre en référence ou en hommage au dossard qu’il a toujours porté en équipe nationale de football, selon ses propres termes.

            Agé de 29 ans aujourd’hui, le natif de Lambéréné et actuel pensionnaire du club saoudien Al-Riyadh FC, quitte ainsi les Panthères plus de 10 ans après sa première apparition et 46 matches disputés avec celles-ci.

            Pourtant apprécié du public pour sa disponibilité et son engagement sans faille sur le terrain, Ibrahim Ndong a, à maintes reprises, connu des démêlés « disciplinaires » en clubs ou avec l’équipe nationale de son pays. C’est donc sur une note plutôt négative qu’il met un terme à une longue et belle carrière internationale, pourrait-on dire.  

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 22-11-2023
Nécrologie/ Médias : Albert Yangari,...

            Depuis le samedi 18 novembre, le monde de la presse gabonaise est en deuil. L’un des pionniers de la profession, notamment de la presse écrite, Albert Yangari, a écrit les dernières lignes de son passage sur terre.

            Ancien ministre sous le long règne d’Omar Bongo Ondimba et plus connu comme ancien directeur de la publication du quotidien L’Union qu’il a dirigé pendant plusieurs années et à plusieurs reprises, Albert Yangari Ngoruma a quitté, à 80 ans, le monde des vivants samedi dernier. Selon certaines sources, il était confronté à des soucis de santé depuis un moment. Ce qui, entre autres, expliquerait son retrait de la scène publique ces dernières années.

            Considéré comme une « icône » ou un des pionniers du journalisme au Gabon, il a également revêtu les habits d’acteur politique. Ministre sous le parti unique, il va ensuite, lors du retour du pays au multipartisme au début des années 1990, au côté de Jules Bourdes Ogouliguendé, créer et animer, le Congrès pour le Démocratie et la Justice (CDJ), un parti qui se réclame de l’opposition. Au lendemain de l’élection présidentielle meurtrière de 2009, alors de retour à la tête de L’Union, il est brièvement arrêté par les militaires suite à la publication par le dit journal de plusieurs articles qui remettent en cause le bilan officiel, notamment sur le nombre de morts, des violences post-électorales dans la ville de Port-Gentil. Lors de celle de 2016, elle aussi plus que meurtrière, il était l’un des soutiens valeureux de Jean Ping. 

            D’Albert Yangari on retiendra également qu’il a, en collaboration avec le Professeur Paul Achille Mavoungou, commis, en 2020, chez L’Harmattan, un Dictionnaire des noms de personnes chez les Ungom. Une des minorités ethniques que compte le Gabon et plus connue sous l’appellation « Akélé » dont il était issu. Akélé dont les foyers et origines sont localisés dans au moins quatre des neufs provinces du pays.      

Lire plus
  • Par BOUTET Orphé
  • 22-11-2023
Election présidentielle au Libéria :...

            Alors même que les résultats officiels n’étaient pas encore connus, l’ancien footballeur et président sortant du Libéria George Weah a très vite reconnu sa défaite au second tour de l’élection présidentielle, tenu le 14 novembre dernier, face à Joseph Boakai, qu’il a aussitôt félicité. Un geste de grande classe politique salué à travers le monde.

            C’est avec la même « élégance dans la défaite » comme lorsqu’il était sur les terrains de football que « Mister George » a reconnu sa défaite à l’élection présidentielle après un seul mandat de six ans à la tête du Libéria. En attendant la validation des résultats par les organes habilités, George Weah a indiqué dès vendredi dernier que « Ce soir, le CDC (son parti politique, ndlr) a perdu l’élection mais le Libéria a gagné. C’est le temps de l’élégance dans la défaite ». « J’ai parlé au président élu Joseph Boakai pour le féliciter pour sa victoire », a-t-il ajouté au cours d’un discours prononcé sur une chaine de radio publique et dont les propos sont rapportés par plusieurs médias internationaux dont l’Agence France Presse (AFP).

            Le lendemain, samedi, sur la base des résultats à sa disposition et représentant la quasi-totalité des bureaux de vote, la commission électorale accréditait George Weah d’un score de 49,36%, donc derrière Joseph Boakai qui avait recueilli 50,64% des suffrages exprimés. Bien que serré, Weah ne pouvait plus remonter ce score. Alors, sans jouer les prolongations, il a avoué sa défaite.

            Joseph Boakai, vice-président du Libéria sous la mandature de Johnson Sirleaf, prend ainsi sa revanche sur Weah qui l’avait battu en 2017. Ce dernier, à ce jour unique vainqueur Ballon d’or d’origine africaine, s’était lancé en politique après sa brillante carrière de football. Après plusieurs défaites face Johnson Sirleaf, première femme élue à la tête d’un Etat africain, il ne fera pas un second mandat. Cette défaite est perçue par plusieurs observateurs comme le résultat de nombreuses promesses électorales non tenues.      

Lire plus